mon mari me fait toujours des reproches
Malheureusement mon mari n’a eu de cesse de me faire comprendre que ce gîte me prenait tout mon temps, que je ne m’occupais pas assez de ma fille et de lui, qu’en plus les charges nous coutaient (je précise que j’exerçais en loueur de meublé de tourisme non professionnel, donc sans charge) Bref, que des reproches, sans cesse et
Jespère que cette lettre de reproche te guidera sur le chemin de la remise en question Bien à toi Je t’embrasse Une personne triste et blessée qui t’en veut énormément. Modèle de message d’affection et de tendresse. Messages méchants Je suis fâché. Textes méchants pour exprimer une envie de vengeance ou messages de menace à une
1 la femme a demandé à son mari: « Vous jouez 100 minutes de douce et belle comme je l'ai touché 100 points, ou même à mon beau et intelligent, ou les deux, vous me avez donné 100? » Le mari a répondu: «J'ai frappé 100 points pour votre sens de l'humour. » 2, sa femme: « comment une femme au foyer toujours avoir des tâches sans fin.
Monmari ne s’est douté de rien puisqu’il ne me calculait même pas sinon de me donner des ordres ou de me faire des reproches. On a continué cette relation clandestine dans ma maison conjugal jusqu’au jour ou irréparable arriva : Ce jour-là mon mari est rentré tôt du travail, il nous a surpris dans le salon en plein ébats sexuelsJe
Pourceux qui me diront tire toi ou bien jette a ma porte votre que g essayee d’effectuer malgre les menaces je ne sais quoi faire hormis appeller les flics, mais ca je veux pas Afin de pa traumatiser mes enfantset d’ailleurs si je le faisais je risquerais gros, vu qu’il pourrait etre capable de me payer pour nous faire des difficultes a
nonton love marriage and divorce season 2. Bienvenue sur Penser et Agir ! Depuis 2012 nous accompagnons les actifs de plus de 30 ans qui veulent prendre leur revanche sur la vie en développant un projet qui a du SENS. Après avoir accompagné plus de 2 500 clients, nous lançons une formation continue gratuite par e-mail Le club des Actionneurs. Entrez votre prénom et votre email sur la page suivante pour y accéder Cliquez ici pour vous inscrire gratuitement déjà + de 17 000 inscrits ! C’est gratuit, et vous pourrez vous désinscrire à tout moment. Après s’être accommodé des qualités de votre conjoint e dès vos premiers mois de love story vous devez à présent chercher à construire une relation stable. Dans la recherche de cette stabilité, les deux conjoints se heurtent à des défauts de l’un et de l’autre. Ces défauts conduisent à des situations déplaisantes telles que les reproches et les critiques. Pour vivre en harmonie dans le couple, il devient alors indispensable de trouver un moyen pour gérer les reproches dans le couple. Sommaire
De véritables vicieux. Mon ex-mari était violent physiquement, sexuellement et surtout psychologiquement. À tous ceux qui penseront à l’expression Les bâtons et les pierres peuvent me briser les os, mais les mots ne m’atteindront jamais » est-ce que vous ressentez quoi que ce soit ? En bref, mon ex était un pervers narcissique – un sociopathe fini. Lors de notre séparation, après presque 8 ans de mariage, il est parti avec des morceaux de moi ma fierté, mon estime de soi, mes espoirs et mes rêves. Il n’a pas pris ces choses à l’aide de ses mains, mais à l’aide de ses mots. En effet, les pervers narcissiques sont rusés ils sont très doués pour vous donner l’impression d’être tout le contraire de ce qu’ils sont réellement — tellement doués parfois, qu’il est difficile de s’apercevoir que l’on est victime de violences psychologiques. Ouvrez enfin les yeux grâce aux indices que j’ai réussi à isoler 1. Il vous fait croire que tout est de votre faute. Les pervers narcissiques ne font pas toujours preuve de méchanceté pure et simple. La plupart du temps, ils sont même charmants et compatissants. Une minute vous êtes en pleine dispute et la minute d’après, il vous dit d’une voix douce écoute mon cœur, je ne veux pas me battre avec toi. Je sais que tu n’as pas pu t’empêcher de gâcher notre soirée et qu’il t’est difficile d’être moins émotive. » Vous voyez ce qu’il essaie de faire en vous parlant comme ça ? Au lieu de se concentrer sur le vrai problème, il vous insuffle l’idée qu’en fait, d’une manière ou d’une autre, vous êtes responsable de la dispute. C’est parce que les pervers narcissiques se déchargent constamment des responsabilités et que rien n’est jamais leur faute. 2. Il vous endort » Un homme abusif vous endort en changeant, déformant et inventant des choses dans l’intention de vous faire douter de vos propres souvenirs, de votre perception et même de votre santé mentale. C’est aussi l’une des tactiques célèbres » employées par les pervers narcissiques. Je n’oublierai jamais le moment où j’ai découvert que mon mari me trompait après qu’il a accidentellement laisser sa boîte mail ouverte. Quand je l’ai confronté, au lieu de s’excuser, il a explosé et s’est mis à ME hurler dessus. Tu les as mal lus. Je n’arrive pas à croire que tu ne me fasses pas confiance ; c’est bien ton genre de ne pas me faire confiance. Je n’en reviens pas de devoir supporter ça ! Tu es en train de foutre en l’air notre mariage. » Après avoir répété plusieurs jours, avec une insistance acharnée, qu’il ne me trompait pas, je me suis retrouvée à me demander si oui ou non j’avais inventé tout ça. Quand un pervers narcissique sait qu’il n’a aucune excuse, il en invente une et vous oblige à vous demander si ce n’est pas vous qui êtes délirante. 3. Tout est votre faute. Ce point semble être le même que le point 1, mais détrompez-vous et croyez-moi quand je vous dis que c’est très différent. Ici, nous faisons référence à la tendance des pervers narcissiques à blâmer les autres de tous les problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie. Il a de piètres résultats à son travail ? Eh bien, c’est votre faute, parce que vous le stressez lorsqu’il est à la maison. Des problèmes avec la justice ? Vous le mettez tellement en colère qu’il s’est échauffé et a fini par causer un accident. Malheureux dans son mariage ? C’est sans aucun doute parce que vous êtes une épouse terrible. En bref, toutes les choses malheureuses qui lui arrivent, arrivent à cause de vous. Il n’y est jamais pour rien. Il est parfait, vous êtes débile, fin de l’histoire. 4. Il vous démolit. Les pervers narcissiques ont conscience de n’avoir pas grand-chose pour eux donc ils exercent leur emprise sur leurs victimes essayant de contrôler leur manière de penser. Parce que si vous arriviez à penser par vous-même, vous seriez capable de réaliser à quel point vous méritez mieux. S’ils arrivent à vous insuffler l’idée que vous êtes moche/inutile/pathétique/stupide, vous commencerez à y croire et à vous cramponner davantage à lui parce que vous penserez à tort que vous ne pouvez pas avoir mieux. Et une fois que vous vous serez persuadée de n’avoir aucune estime de soi, le pervers narcissique arrivera à vous faire croire tout ce qu’il veut. Et ce qu’il vous poussera à croire ne servira qu’une seule personne lui-même. 5. Il vous isole. Il vous découragera et vous empêchera de voir vos amis parce que —SUSPENSE ! — ils pourraient avoir percé à jour son manège et vous convaincre de le quitter. S’il s’efforce de vous réparer », il ne peut pas tolérer que vos amis gâchent son dur labeur, surtout pas avec leurs conseils malavisés. Il vous convaincra aussi que vos amis ne comprennent » pas combien il vous aime et que vous n’avez de toute façon pas besoin d’eux puisque vous l’avez lui.
Manapany Messages 9 Enregistré le 08 mai 2016, 2109 Contact Bonjour les filles, J aurais aimé un post plus fun mais voilà, mon mari ne me fait plus l amour et j en souffre. Moi qui n aime pas être enceinte a la base, c est encore pire, j ai l impression de ne plus lui plaire.. Pas de sexe, mais pas de câlins non plus. Un bisou le matin et quand il rentre du travail , c est tout. Je suis franchement dégoûtée et j ai même plus envie de dormir avec lui.... heleana fraise d'or!!!! Messages 18719 Enregistré le 28 janv. 2011, 2246 Contact 13 mai 2016, 0825 Bonjour, d'abord félicitation pour ta grossesse, pour le soucis tu as demandé à ton mari pourquoi il n'avait plus ces moments calins avec toi ? Car certes c'est "TOI" qui vit la grossesse, mais cela chamboule aussi beaucoup les Hommes... Il y en a même qui font des couvades ils prennent du poids, on aussi de nausées... AU délà de ça certains Hommes ont aussi peur, peur que les calins fassent mal ou autres... Peut etre que lui en parler à lui pourrait te permettre de savoir ce qu'il se passe... Titou octobre 2011 après Clomid Minette mars 2014 après FC à 7sa 09/2015 fc précoce 07/2016 fc à 7sa Bébé suprise... est une fille arrivée avril 2017 Manapany Messages 9 Enregistré le 08 mai 2016, 2109 Contact 13 mai 2016, 0845 Merci heleana pour ta réponse... Oui je lui en ai parlé plusieurs fois, je n ai pas d explications, ou alors cette réponse tu n as qu a te servir! C était la meme chose avant d être enceinte mais la c est pire, car avant j avais confiance en moi et j allais vers lui... Alors que maintenant je doute et je n ose plus. heleana fraise d'or!!!! Messages 18719 Enregistré le 28 janv. 2011, 2246 Contact 13 mai 2016, 0916 c'est pas qu'il veut pas te toucher alors... c'est qu'il te demande de faire le premier pas... c'est très différent la situation, il a peut être lui aussi besoin que TU le câlines... surtout si il te le demandait déjà avant la grossesse... Tu imagines que lui il peut se dire "tu as qu'à te servir" .... elle ne se sert pas, elle m'aime plus, elle veut plus de moi... il peut lui aussi avoir un ressenti bizarre .... Titou octobre 2011 après Clomid Minette mars 2014 après FC à 7sa 09/2015 fc précoce 07/2016 fc à 7sa Bébé suprise... est une fille arrivée avril 2017 mina197 Top fraise Messages 252 Enregistré le 02 sept. 2014, 1313 Contact 16 mai 2016, 1144 Bonjour, Manapany, tu es enceinte de combien? est ce votre premier enfant? Depuis quand est il comme ça? Je comprends que tu sois perturbée car c'est un moment bouleversant pour chaque individu qui constitue le couple, mais "tu n'as qu'à te servir!" n'est pas une explication même si ça exprime quelque chose., et surtout ça ne comble pas tes besoins. Dans l'idéal, il faudrait vous poser, tranquille, et de lui dire, sans reproches, quelles sont tes attentes, et à quel point tu as besoin qu'il soit et plus tendre, et plus sexuellement entreprenant. Parfois quand on dit ce que l'on ressent sans rien demander ça marche. Et tu verras bien ce que lui te dit. En tous cas, j'espère que la situation va s'arranger pour toi. Nous 38 ans. Ensemble depuis 9 ans! Essais depuis 12/2012 FC précoce en 09/2014 Test + le 19/01/2016 21/01376 UI 18/03Echo 12 SA Tout va bien! 26/05 23 SA C'est une Fille. 14/09/2016 Elle est là! "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage!" Manapany Messages 9 Enregistré le 08 mai 2016, 2109 Contact 24 mai 2016, 2239 Merci les filles pour vos réponses. Il s est passé un peu de temps, je n étais pas revenue car ça allait mieux.. Mais je réalise que c est toujours moi qui fait le premier pas, et parfois il me repousse, souvent même... Ce soir il s est fâché , on s est disputé a cause d un quiproquo et il dort carrément dans le canapé.... Xeniram Fraise d'argent Messages 5021 Enregistré le 11 janv. 2014, 1416 Localisation France Contact 24 mai 2016, 2255 Est-ce que tu sais pourquoi il te repousse ? Est-il fatigué, ou "dégoûté" le mot est peut-être trop fort pour ce que je veux dire.. le changement du corps de la femme enceinte peut provoquer ça ? Vous aviez pu en parler ? Moi aussi mon homme à du mal à faire le premier pas, il ne le fait même quasi jamais que je sois enceinte ou non mais par contre il me témoigne quand même sa tendresse et me fait comprendre que je l'attire.. Et ce tout au long de la journée BB1 2014 / 7 ans BB2 2017 / 4ans et demi l'aventure continue Manapany Messages 9 Enregistré le 08 mai 2016, 2109 Contact 25 mai 2016, 2027 Merci xeniram pour ton témoignage.. Mon mari essaye de me rassurer et me dit qu il m aime, mais il ne fait jamais le premier pas, et déteste quand je lui " demande", il me dit qu il veut que ce soit spontané... C est un sujet tabou pour lui , même avant la grossesse, il est très gêné de parler de sexualité , donc je me vois mal en parler a quelqu un... Je me couche le soir en espérant un geste tendre, mais ça ne vient pas et me m endors triste... J ai confiance en lui mais franchement j ai hâte d avoir accouché...! WildSoul Messages 2 Enregistré le 18 janv. 2016, 1648 Contact 12 juil. 2016, 1341 Coucou, Où en es tu ? De ta grossesse ? De vos relations ? Pour moi c'est la même chose depuis environ 2 mois... Là j'en suis à 32 SG. Pour mon homme on a pu en discuter c'est parce qu'il a peur de faire mal et aussi lors des derniers rapports qu'on a eu, s'il lui arrivait de toucher/d'effleurer mon ventre ça l'arrêtait complètement... Il me tarde de retrouver notre vie intime d'avant... Mais bébé bouge de plus en plus franchement et grâce à ça j'arrive à rester patiente, même si parfois j'aimerais bien me sentir autant "femme" qu'avant et sentir que je lui plais encore. lelloo29 Messages 2 Enregistré le 18 oct. 2016, 0011 Contact 12 avr. 2017, 1847 Bonjour les filles. Cette conversation date de quelques mois mais j'ai le même soucis. Je suis enceinte de 4 mois et mon conjoint ne m approche plus depuis....4 mois! J'ai plus le droit ni au sexe ni à un câlin ni aux bisous ni à des mots doux...rien du tout. J'en est parler avec lui et j'ai toujours la même réponse je suis fatigué ou tu as qu'à me réveiller quand je dors alors qu'il se couche avant moi et me dit je suis naze j'espère faire une nuit complète ou je me lève tôt demain... je me pose bcp de question je le dégoûte? Ou me trompe t'il? J'en est marre car notre vie de couple bat de l'aile. On communique même plus. Qui est en ligne Utilisateurs parcourant ce forum Aucun utilisateur enregistré et 1 invité
Cela fait maintenant plusieurs mois que vous vous êtes séparés avec votre ex et que vous tentez d’enterrer la hache de guerre. Pourtant, vous constatez que votre ex continue de vous faire des reproches chaque fois qu’il vous voit ou dès que vous entamez une conversation au téléphone et cela vous mine le moral. La première des choses est de cerner au mieux le problème pourquoi votre ex fait-il constamment des reproches ? Dès que vous aurez déterminé les causes, vous pourrez sans doute trouver des solutions, ou du moins des parades, pour éviter que cela ne se reproduise. Voici quelques idées pour vous y vous êtes en mesure de trouver la raison profonde de ces reproches vous pourrez agir plus facilement pour éviter que cela ne se vous constatez Mon ex me fait des reproches, il peut y avoir plusieurs raisons possibles Mon ex m’en veut c’est la première hypothèse qui peut vous mettre la puce à l’oreille. Votre ex vous en veut. Il ne sait peut-être pas pourquoi exactement ou cela est une rancune générale du fait que vous vous soyez séparés. Cette rancune est la traduction d’une tristesse et d’un sentiment d’abandon. Jusqu’au dernier moment, il a pu penser que vous passeriez l’éponge et que vous resteriez avec lui pour toujours, mais il constate aujourd’hui que vous n’êtes plus prête à écouter de nouveau ses excuses. En conséquence, il vous en veut et c’est peut-être justement parce qu’il s’en veut à lui-même de n’avoir pas été à la hauteur. Quelle que soit la raison pour qu’il vous en veuille aujourd’hui, tâchez de comprendre qu’il peut s’agir d’une tristesse qui se traduit par cette forme de rancune et qu’il cherche à vous faire payer sa tristesse par tous les moyens. Soyez indulgente et compréhensive et cela pourra s’estomper avec le temps. Mais si cela ne fait que se renforcer, prenez vos distances pour vous reproches continuels dès qu’il vous voit ou dès que vous lui téléphonez, peuvent aussi signifier ceci votre ex en a marre de vous. En clair, il veut refaire sa vie et vous passez votre temps à lui rappeler votre vie commune. Ou alors, il est de nouveau en couple et sent que sa nouvelle compagne commence à montrer des signes de lassitude voire de jalousie et il souhaite ardemment préserver sa relation. Bref, il n’a qu’une solution être désagréable et vous faire des reproches répétés, jusqu’à ce que vous compreniez qu’il a besoin que vous le laissiez un peu tranquille. Si vous sentez que c’est bien là le fond du problème et que votre ex en a marre de vous, appelez-le plus rarement et laissez passer plusieurs mois avant de le revoir. Cela fera retomber un peu la tension et vous permettra d’éviter les disputes avec votre avez mis un point final à votre relation depuis plusieurs mois et cela vous a fortement touché. Votre moral est totalement miné. Lorsque votre ex vous fait des reproches, elle essaie toujours de vous prouver par A + B que les tords sont toujours de votre côté et essaie par tous les moyens de vous faire culpabiliser. Rassurez-vous tout d’abord dans une séparation, les tords sont partagés dans la plupart des cas. Une fois de plus, cette stratégie » traduit un malaise de l’autre et une grande tristesse. Pour se rebeller, elle ne dispose que de ce moyen qui est de faire culpabiliser l’autre jusqu’à ce qu’il se sente aussi mal qu’elle. Si elle n’est pas heureuse, pense-t-elle, il n’est pas question que vous le soyez. Un bon conseil n’entrez pas dans ce jeu là et ne sombrez pas dans cette culpabilité. Nous vous le répétons les tords sont presque toujours partagés dans une rupture amoureuse. Petit aparté, avez-vous vraiment une chance de reconquérir votre ex ? Je vous invite à découvrir le seul quiz qui mesure avec précision vos chances de reconquérir l'amour de votre vie. Cliquez sur le bouton ci-dessous pour faire le test. >> Accédez au test > Cliquez ici pour faire le test
La première retranscription de l’enregistrement contenue dans ce chapitre a été réalisée en anglais, en 1982, pour William Burroughs, qui s’intéressait aux discours des schizophrènes entendant des voix dans leurs tête, et effectuait une recherche sur les voix enregistrées par Constantin Raudive et les travaux de Julian Jaynes sur l’esprit bicaméral voir les chapitres Ça appartient aux concombres au sujet des voix enregistrées de Raudive, Essais, tome I, 1981, et Freud et l’inconscient, Essais, tome II, 1984, Christian Bourgois Editeur. En côtoyant pendant des années à l’hôpital des gens diagnostiqués comme schizophrènes, j’ai été frappée par le fait que des propos que certains émettaient, et qui étaient interprétés en psychiatrie comme délirants, traitaient en réalité de chose qu’ils vivaient intérieurement, mais que le langage et les concepts communément utilisés étaient inaptes à représenter. Ils tentaient alors de le faire en inventant leur propre langage, à travers leur symbolique propre, leur code » personnel; la signification d’un symbole variant généralement selon chacun, sauf pour des gens se référant au sens du dictionnaire, il est nécessaire de décoder le discours pour pouvoir le comprendre, en se référant au sens de celui qui l’émet. Ceci implique d’être à l’écoute des gens, de ce qu’ils voudront bien nous en dire, ce qui implique d’établir avec eux une base de relation ouverte, débarrassée autant que faire se peut des préjugés, pour se demander ce que veut dire la personne exactement. Une fois le discours décodé, loin d’être insensé, il apparait alors compréhensible et porteur de sens. Ainsi cette dame qui utilisait souvent les expressions les boches allemands », le paradis du ciel », le Maroc », incompréhensibles pour l’entourage. Une fois ces termes décodés, les boches allemands » représentaient les infirmiers, le paradis du ciel » représentait la guérison, et le Maroc, pour une raison qui m’échappe, l’hôpital psychiatrique, et son discours devenait alors porteur de sens. Ici Monsieur B., qui est parasité par des voix intérieures qu’il appelle des pronoms », m’explique en quoi elles consistent il les nomme, décrit leur rôle respectif, l’influence qu’ils ont sur lui et les relations qu’il a établies avec eux. De mon côté je ne l’écoute pas comme un patient qui me parlerait de son délire que j’interpréterais comme le produit de son inconscient à travers la conception freudienne du psychisme humain. Je tente de mettre de côté mes propres grilles d’interprétation en partant du constat suivant Qu’est-ce qui se passe là ? Je n’en sais rien, allons voir ». Je pars de ce que ce monsieur me dit exactement et tente de comprendre ce qu’il veut dire à partir de là, en restant aussi neutre que possible tout en l’interrogeant sur ce que je ne comprends pas au premier abord. Paradoxalement, ces entretiens ont eu un effet inattendu, imprévu et imprévisible au moment où ils se sont déroulés c’était la première fois qu’il acceptait d’en parler en détail, étant généralement réticent car il craignait que ses propos ne soient mal interprétés. Il passait son temps à lutter contre ses pronoms, emmuré dans l’incommunicabilité, balancé entre la peur et la colère qu’ils lui inspiraient, autrement dit réagissant principalement en fonction des émotions qu’ils provoquaient en lui. Or à travers ces entretiens, il prend de la distance vis-à-vis de ces voix. L’irruption d’un tiers neutre dans un cadre relationnel compréhensif, dédramatise la situation et modifie la relation qu’il a avec elles. Ses propres efforts pour comprendre ce qu’il vivait, qui étaient décrédibilisés par l’institution, prenaient alors du sens cette recherche intéressait quelqu’un d’autre, qui cherchait également à comprendre ce qu’il vivait sans le prendre a priori pour un fou. Cet échange a ainsi brisé son sentiment d’incommunicabilité même si parfois il me fallait quelques temps pour réaliser le sens de ce qu'il disait, il finissait par se faire comprendre. De persécutrices, ses voix sont devenues pour lui des objets d’études en verbalisant ce qu’il vivait, il a pu dépasser le niveau des émotions pour mettre en jeu ses capacités de réflexion, les mettre en dehors de lui, comme s’il les posait sur une table d’examen pour les observer. Cette objectivation de son vécu intérieur a eu pour effet de diminuer l’emprise mentale de ce phénomène parasitique. J’ignore si elles ont fini par disparaître, mais je sais que le changement d’attitude mentale de Mr B. par rapport à ses voix lui a permis d'acquérir une plus grande maîtrise de son espace intérieur.* * * Monsieur B était un homme d'une cinquantaine d'années. De taille moyenne, il était vêtu au fil des ans d'une veste chinée défraîchie à dominance beige et de pantalons de costume dépareillés. Ses cheveux gris clairsemés étaient coiffés en arrière. Il portait souvent, été comme hiver, un feutre marron. Il était arrivé à l'hôpital dès l'ouverture de ce dernier, flanqué de l'étiquette de schizophrène. L'asile départemental où il était interné depuis une quinzaine d'années l'avait transféré dans le cadre de la sectorisation pour qu'il soit rapproché de sa famille. Il avait en effet une femme et deux filles qui habitaient dans les environs, mais n'avaient jamais donné signe de vie depuis son arrivée. Les premiers temps, l'hôpital étant ouvert, il avait tenté quelques promenades à pied jusqu'à la ville, promenades qu'il agrémentait d'une halte dans un café pour y boire un verre de vin. A son retour dans le service, il se reprochait tellement son attrait pour les boissons alcoolisées, bien qu'il n'eût jamais bu au point d'être ivre, qu'il mit un terme à ses sorties. Depuis, il se cantonnait dans l'enceinte de l'hôpital. Les jours de beau temps, il allait prendre le soleil sur le parking. Ses activités se bornaient à la fréquentation de la cafétéria et à la rédaction de quelques rares articles destinés au journal intérieur à l'établissement dont il gardait précieusement un exemplaire de chaque numéro dans sa chambre. Il en possédait la collection complète. Il finit par interrompre cette occupation et, s'il continuait à acheter le journal, il en cessa la lecture, disant que, comme il ne lisait pas tous les articles, il redoutait la vengeance de ceux qu'il négligeait, leur attribuant une vie et une volonté propre. Sa propension à boire du café avait engendré entre le personnel et lui des relations basées sur le contrôle de sa consommation de cette boisson. Comme d'autres hospitalisés, il l'utilisait pour combattre les effets de ses médicaments et emplissait généralement son bol d'une quantité de café égale sinon supérieure au volume d'eau. Devant les limites qui lui étaient posées, il réagissait par de faibles protestations, puis s'en allait en marmonnant, l'air résigné, regagnant sa chambre ou le radiateur du service auquel il s'adossait, observant les allées et venues et chantonnant de temps à autres. Sa discrétion et sa docilité en avaient fait un des oubliés du service. Ses relations avec les psychiatres se bornaient à une poignée de main quotidienne. Il entretenait avec les autres hospitalisés des contacts la plupart du temps courtois; avec certains il évoquait son passé dans l’armée, la deuxième guerre mondiale qui l'avait entraîné en Allemagne puis en Tunisie, bien avant ses premières relations avec la psychiatrie. Il ne supportait cependant pas que d'autres outrepassent les limites qui lui étaient fixées en matière de consommation de café et n'hésitait pas à dénoncer les éventuels goulus au personnel présent, adoptant la mimique d'un enfant cafteur "Monsieur, il y a Untel qui boit tout le pot de café dans la cuisine!" Monsieur B était un homme poli, déférent même. A l'égard du personnel il adoptait l'attitude du subalterne devant son supérieur hiérarchique, la tête penchée en avant, le regard rivé au sol, n'omettant jamais de terminer ses phrases par un respectueux "Monsieur" ou "Madame". Des petits faits de la vie courante, qui paraîtraient insignifiants à la plupart des gens, tenaient pour lui une grande importance. Fumeur, il lui arrivait de solliciter ou de donner du feu. A chaque fois il notait scrupuleusement sur un petit carnet le nom de la personne avec qui il avait eu cet échange et lui en rendait compte régulièrement "Vous me devez, ou, je vous dois X fois du feu." Quand son interlocuteur s'en étonnait, il répondait en disant que le fait de donner du feu n'était pas négligeable, qu’un sou est un sou, que les bons comptes font les bons amis et qu'il ne voulait pas devoir quoi que ce soit à quiconque. Il passait ses journées à réfléchir et à observer. Il s'exprimait peu. Je l'entendis une fois parler de son épouse. Il n'avait jamais cessé de l'aimer et, bien que très peiné du fait qu'elle ne lui donne pas de nouvelle, il l'en excusait, attribuant son silence à sa maladie "Je ne suis qu'un pauvre fou.", disait-il. Il avait recouvert les murs de sa chambre de phrases écrites au crayon de papier dédiées à sa femme "J'aime plus que plus que des trilliards de fois Madame B." Un jour elle demanda le divorce et l'obtint, sans avoir revu son mari. Monsieur B. s'était retiré du monde des vivants et les propositions qui lui étaient faites de promenades ou de sorties au cinéma se heurtaient immanquablement à un refus "Non, madame, je ne peux pas y aller, mes pronoms ne sont pas d'accord." Je tentai plusieurs fois d'en savoir plus, lui demandant des explications sur ces mystérieux pronoms, sans succès. Il bredouillait alors quelques phrases inaudibles et s'en allait en chantonnant, coupant court à la conversation. Aucun soignant ne savait exactement ce qu'ils représentaient pour lui, si ce n'est qu'ils semblaient jouer un rôle négatif. Un jour, alors que je lui présentais ses médicaments, il me dit "Ce n'est pas moi qu'il faut soigner, madame, ce sont mes pronoms." Puis il s'éloigna, l'air préoccupé. J'aimais bien Monsieur B.. J'appréciais sa courtoisie et m'efforçais de m'adresser à lui avec une égale politesse. Quant aux limites que ma fonction d'infirmière m'intimait de lui poser, je les lui expliquais en prenant en compte son état de santé. Bien que peu convaincu, il était content que je mette les formes et répondait en hochant la tête, l’air résigné "Je comprends, madame, je comprends." Quand je prenais mon travail, il quittait son radiateur pour venir me donner une poignée de main et, soulevant son chapeau de l'autre, il ne manquait pas d'accompagner son salut d'une révérence que je lui rendais. Son visage s'animait alors d'une expression de connivence amusée. Après plusieurs années, nous entretenions des relations tacites de respect mutuel et de complicité. De temps en temps, il venait dans le bureau le soir après le dîner alors que je compulsais ou remplissais des dossiers et que les autres personnes étaient couchées ou regardaient la télévision. Il s'asseyait et, échangeant parfois quelques mots de l'ordre du passe-temps, passait une heure en ma compagnie. Je lui proposai de profiter de cette heure creuse pour discuter un moment avec lui comme il m'arrivait de le faire avec d'autres hospitalisés, et lui dis que je me tenais à sa disposition au cas où il désirerait m'entretenir de sujets qui lui tenaient à cœur. Un beau soir, il entra dans le bureau et, de son ton de rapporteur, il dit "Madame, il y a un de mes pronoms qui ne veut pas croire que le pape est polonais." C'était la première fois qu'il me demandait d'intervenir dans son domaine. Je décidai de jouer le jeu et, rentrant dans le rôle de l'inspecteur recueillant la déposition du plaignant, je résolus d'enquêter sur les fameux pronoms. J'enclenchai le magnétophone que je portais avec moi de temps en temps. La conversation qui suit est la fidèle retranscription du dialogue que nous eûmes alors. C'est, à ma connaissance, la première fois que Monsieur B. accepta de livrer des explications détaillées sur ce qu'il vivait et de dresser une carte de son territoire intérieur.* * *Pour plus de clarté, les noms des pronoms de Mr B. sont en caractères gras. Question Qu'est-ce que vous me disiez, vos pronoms ne veulent pas croire que le pape est polonais? Mr B. Non, non, mes pronoms, masculins et féminins, ils ne veulent pas croire que je suis à l'hôpital de X. Et mon on ne veut pas croire que le pape est polonais. Q Pardon ? Mr B. Mon on ne veut pas croire que le pape est polonais. Q. Ah oui, que le pape est polonais; et les autres ? Mr B. Le nous est d'accord. Q. Le nous est d'accord ? Mr B. Hmmm, hmmm, oui, madame, oui, madame, ma pêche La pêche aussi ? Mr B. La pêche, oui chantonne. Mon je réponds "oui, non, oui, non, oui, non". Mon ça ne veut pas croire non plus que le pape est polonais. Q. Votre ça non plus ? Mr B. Mon soi, mon soi. Q. Ah! le soi ne veut pas le croire. Mr B. Mon ça pense que le pape est polonais, il est d'accord. Ensuite il y a le moi, le soi, le ça, la conscience ne veut pas le croire non plus. Q. La conscience non plus ? Mr B. J'ai l'impression de les avoir tous passés. Combien y en a-t-il ? Q. Le on, le nous, la pêche, le je, le l', le moi, le ça, la conscience, qu'est-ce qui manque ? Mr B. Les voix de tête peut-être. Q. Ah, oui, les voix de tête. Mr B Les voix de tête veulent bien croire que le pape est polonais. Q. Mais comment se fait-il que... Mr B. Mon on ne sait ni lire, ni écrire, ni compter. Le on est un pronom indéfini. Tout ce qu'il fait n'est pas défini, alors il ne fait rien. Tout ce qu'il fait n'est pas défini. Tout ce qui a été fait a été défini, ça ne vient pas du on; ce n'est pas commode parce que le on veut hériter de tout. Q. Est-ce qu'il voudrait voler des choses aux autres ? Mr B. Ah, oui, ah, oui! Q. Est-ce qu'ils se disputent parfois, vos pronoms ? Mr B. Oui, madame, oui, madame, mon on m'engueule. Q. C'est votre on qui vous engueule ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. Mais entre eux, est-ce qu'ils se disputent ? Mr B. Oui, madame, oui, madame, le on a essayé de se tuer, le on a essayé de tuer le je... Oui, le on a essayé de se tuer pour faire un mort. Q. Comment cela ? Attendez, le on a essayé de se tuer... Mr B.... pour faire un mort. Parce que le on est pour la mort. J'ai dit à mon on "Tu n'as qu'à te tuer, cela fera un mort", et mon on était d'accord. Le on est inconscient, sous-développé, etc. Q. Comment se fait-il qu'il soit pour la mort, le on ? Mr B. Parce qu'il est paresseux, il est fainéant. Pour hériter. Q. Et vous pensez que s'ils le voulaient, les pronoms pourraient se tuer? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Il y a quelque chose qui a été mis entre les pronoms pour qu'ils ne se tuent pas. Mais je ne sais pas si cela tiendra. Q. Et si vos pronoms se tuaient, est-ce que vous existeriez toujours ? Mr B. Oui, madame. On m'a tué, on m'a tué. On m'a coupé tous mes moyens. C'est mon on qui domine. Au début que je suis tombé malade, ils ont tué mon on, ils m'ont tué, moi qui travaillais. Q. Qui vous a tué ? Mr B. Eh bien, je ne sais pas; enfin, je ne sais pas, quoi que... Q. Enfin, c'étaient des gens précis, je veux dire ? Mr B. C'étaient des femmes, pour me guérir, pour me soigner. C'était mon on qu'il fallait soigner, ce n'était pas moi. S'il n'y a pas d'autre pronom, le on ne travaille pas, alors si le on me détruit, le on ne travaille pas. Q. Et ces pronoms, vous avez l'air d'en parler comme s'ils étaient des parasites ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Celui que je préfère parmi mes pronoms, c'est le l'. Q. Et vous ne pourriez pas essayer de vous en débarrasser ? Mr B. Tout seul, je ne peux pas. Q. Et vous pensez que vos pronoms pourraient vous tuer s'ils le voulaient ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Pas tous, mais il y en a. Moi aussi, je pourrais en tuer, enfin, je ne sais pas si je pourrais en tuer, enfin je peux quand même leur rendre ce qu'ils me font souffrir. Je ne peux pas tout leur rendre, mais je leur rendrai tôt ou tard ce qu'ils m'ont fait souffrir. Mon on, mes voix de tête, ... Mon on m'avait mis kaput. J'étais français, plus que plus que français, etc. Mon on m'avait mis kaput. Je ne sais pas si c'était en Allemagne, pendant la guerre de 1939, etc. Mes voix de tête aussi m'avaient mis kaput. Q. Ils ont essayé de vous tuer, là ? Mr B. Oui, oui, mon on, mes voix de tête, mon je... Q. Quel était leur intérêt à faire ça ? Mr B. Parce que je voulais travailler. Mon on m'empêchait d'être honnête, il m'empêchait d'être fidèle, il m'empêchait d'être propre, il m'empêchait d'être poli, il m'empêchait de dormir, il m'empêchait de faire la sieste; mon on refusait de travailler, mon on refusait de manger, mon on refusait de dormir, mon on refusait de faire la sieste, mon on m'empêchait de faire ma toilette... Mon on s'en fout pas mal de tout. Et le temps ne l'intéresse pas, il ne veut que picoler, etc. Q. C'est pour cela que l'autre jour vous m'avez dit que ce sont vos pronoms que le médecin devrait soigner et non vous ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Les dix, masculins et féminins, les dix. Q. Il faudrait les soigner tous les dix ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. Comment faudrait-il faire pour les soigner ? Mr B. Oralement. Q. C'est vous qui prendriez les médicaments ? Mr B. Oui, c'est mon corps qui absorberait les médicaments, mais si ce sont des médicaments anti-on ou pour rendre les gens raisonnables, des médicaments qui me mettraient supérieur aux autres pronoms, mes pronoms seraient soignés; moi, je serais d'accord avec ça. Comme ça, ils se rendraient compte que... Q. En fait, ce que vous voudriez, c'est qu'on vous aide à lutter contre vos pronoms ? Mr B. Eh bien, que mes pronoms soient plus conscients, plus lucides, de manière à comprendre, de manière à obéir, etc. Mon l', ça va; mais les autres, ça ne va pas... Mon l', il a un tas, un tas d'avantages de... C'est grâce à mon l' si je m'adore des trilliards d'éternité de veut dire que c'est vous que vous adorez et non pas vos pronoms ?Mr B. Oui, madame, oui, madame, je plus que plus que m'adore des trilliards des trilliards d'éternité, mais j'ai déjà dit cela. chantonne. C'est moi qui travaille; si vous me détruisez, je ne travaillerai plus... Q. Pardon ? Mr B. C'est moi qui travaille, alors si quelqu'un veut me détruire, mes autres pronoms ne travailleront plus. Q. Ah, oui ? Mr B. J'ai besoin de travailler pour avoir un petit peu d'argent de poche, etc. Des fois, je me sers de mon je pour parler, ou je me sers de mon moi pour parler, et tout ce que j'ai fait, c'est involontaire, je ne l'ai pas fait exprès. C'était mon destin, ou c'était utile que je travaille, etc. Le bien que j'ai fait, ce que j'ai fait, je ne l'ai pas fait exprès, c'était mon destin. Q. Ce qui est bizarre, c'est que certains de vos pronoms voudraient vous détruire alors que ce n'est pas leur intérêt. Mr B. Oui, madame, oui, madame, mais c'est le on qui confond tout, il ne sait pas ce qu'il fait, vous devez le comprendre, il ne veut pas croire que le pape est polonais. Si je m'attaque à lui, il me tuera. Je lui ai dit plusieurs fois mais il ne veut pas l'admettre. Q. Et comment il peut vous tuer ? Mr B. Heu... avec des pensées, avec des pensées. Q. Comment ? vous pensez qu'il y a des pensées qui peuvent tuer ? Mr B. Les pronoms qui peuvent tuer, oui. Q. Cela veut dire qu'ils vous donneraient des pensées qui feraient en sorte que ce soit vous qui vous tueriez ? Mr B. Oui, aussi, mon on m'a tué quand j'étais jeune, quand je suis tombé malade... Si j'arrête de travailler, je n'existe plus. Et comme c'est moi qui travaille, si je n'existais plus, je ne travaillerais plus; mon corps ne travaillerait plus. Q. Et quand sont-ils arrivés, ces pronoms, d'après vous? Mr B. Pas tous mais depuis ma jeunesse; mon l', il y a quelques années seulement que je le connais. Q. Ils ne sont pas tous apparus en même temps? Mr B. Pas tous, mais depuis ma jeunesse; mon l', il y a quelques années seulement que je le connais. Q. Ils ne sont pas apparus en même temps ? Mr B. Non, madame, non, madame. Mon on est orgueilleux, il ne se rend pas compte que le pape est polonais, il ne se rend pas compte du travail que je fais... Le on se nourrit uniquement du corps. Le on préfère picoler que manger. Le on, si je fais le brave, il est contre mon corps. Pas contre les Françaises, ni contre les Français. Mon on ne voulait pas de mon corps. Si mon je dois payer, mon on ne veut pas payer. Mon je, lui, il ne veut pas payer non plus. Il paierait avec un enfant ou avec une personne, en le rendant malheureux. Q. Vous pensez qu'il pourrait tuer d'autres gens aussi ? Mr B. Mon je ? Oui, madame, oui, madame. Q. Et comment cela ? Juste en le décidant ? Mr B. Il y a l'esprit que le ça tue, aussi; le ça, il tue aussi, le ça qui tue. Q. Mais ce serait par votre intermédiaire, il vous ferait tuer d'autres gens ? Mr B Mon on voulait, oui, oui, mon on, mes voix de tête. Q. Ils vous auraient poussé à tuer d'autres gens ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Je n'ai pas le droit de parler de l'armée, mais enfin, heu, je ne dis rien, mais vous comprenez ? Q. Qui vous a dit que vous n'aviez pas le droit de parler de certaines choses ? Mr B. De l'armée ? Q. Oui. Mr B. Je n'avais pas le droit de parler de l'armée, et je n'avais pas le droit de dire que je n'avais pas le droit de parler de l'armée. Q. Quand vous étiez à l'armée ? Mr B Oui, madame, oui, Mais maintenant, c'est fini, ça ?Mr B Oui, mais ça reste encore, je n'ai pas le droit de parler de l'armée. Et puis il n'y a pas que moi, tous les militaires n'ont pas le droit de parler de l'armée, ou bien ils passeraient pour des mouchards. Q. Et vous pensez que l'armée pourrait vous en vouloir ? Mr B. Plus maintenant, je suis dans ma cinquantième année, je suis réformé, ou je ne sais pas. Maintenant, malgré tout, j'en parle le moins possible. Q. D'accord. Mr B. Et je préfère ne pas en parler... Pour pouvoir lutter, j'étais plus que plus que roi, des trillards de fois roi, puis mon on me mettait roi, il me disait "Tu me paieras ça!"; mon on me mettait roi, il me disait "Tu me paieras ça!" Q. Il ne voulait pas que vous soyez roi ? Mr B Si, il voulait que je sois roi, mais il voulait que je paye. Q. Que vous lui payiez comment ? Mr B. Oh, je ne sais pas, Mon on voulait que je lui paye une bouteille de rhum. Q Et être roi, par exemple ? Mr B. Moi, j'étais plus que plus que roi, des trillards de fois roi, alors ça ne m'intéressait pas d'être roi. Q. Vous étiez roi de quoi ? Mr B. Oh, eh bien, roi de quoi, moi, je ne sais pas; je ne l'ai jamais défini. Q. Parce que, je veux dire, quand on est roi, on a un royaume. Mr B. Ah, oui...oui. Mon on me mettait roi, mais... Q. C'est lui qui vous mettait roi ? Mr B. Oui. Q. D'accord, il vous disait " tu vas être roi, mais en contrepartie, tu vas me payer une bouteille ?" Mr B. Mais moi, j'étais plus que plus que roi, des trillards de fois roi, alors ça ne m'intéressait pas d'être roi, et mon on ne comprenait pas ça. Q. Et qu'est-ce que cela vous apportait, comme avantage, d'être roi ? Mr B Aucun avantage, j'étais davantage que roi. Q. Mais je veux dire, cela changeait quelque chose dans votre vie, d'être roi ? Mr B. Cela me diminuait. Q. Cela vous diminuait ? Mr B. Eh bien, oui, des trillards de fois roi, plus que plus que roi, c'est beaucoup, beaucoup plus que roi. Q. Oui, mais, je ne sais pas, être roi, c'est un... Mr B. C'est un titre d' Oui ? Mr B. Cela ne m'intéressait pas de... C'est un peu comme si une personne voulait passer son bac et qu'on lui dirait "Tu n'as que ton certificat d'études". Il n'y a pas plus de différence que ça. Q. Attendez, répétez, parce que je n'ai pas compris. Mr B. Je préfère être plus que plus que roi ou des trillards de fois roi que d'être roi. Q. Ce n'est pas la même chose ? Mr B. Non, ce n'est pas la même chose, c'est davantage, davantage que roi. Q. Oui, d'accord. Mr B. J'étais je ne sais pas combien de fois davantage que roi. Q. Quel est le pronom qui est apparu le premier ? Mr B. A vrai dire, je ne m'en souviens plus. Q. Comment vous vous en êtes aperçu ? Mr B. Eh bien, mon on ...le on, il ne s'oublie pas, le on ne comprend pas ce que veut dire "davantage que", le on, mon on, ne comprend pas, je vous disais tout à l'heure que mon on ne sait ni lire, ni écrire, ni compter, il ne fait que de se défendre, il ne défend pas le corps, il ne défend pas les autres pronoms, il ne fait que de se défendre... Q. Avez-vous déjà rencontré d'autres gens qui ont des pronoms ? Mr B. Eh bien, oui, tout le monde... il n'y a pas que moi qui aie des pronoms. N'importe quelle Française et n'importe quel Français a des pronoms. Q. Et ce sont les mêmes que les vôtres ou pas ? Par exemple, vous pensez que moi j'ai des pronoms? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Il y en a qui sont les mêmes, oui. Q. Et, d'après vous, est-ce que les pronoms de deux personnes différentes pourraient communiquer entre eux ? Mr B. Oui, oui, par l'intermédiaire des ondes, des odeurs, des ondes. Mais je crois qu'il y a une séparation, je ne sais pas si elle a été faite, mais je crois qu'il y a des séparations entre les pronoms pour éviter qu'ils ne se tuent. Q. Chez une même personne ? Mr B Chez moi, chez moi; chez les autres, je ne sais pas, mais chez moi, oui. Q. Et comment est-ce qu'ils sont nés, ces pronoms ? Est-ce qu'ils sont apparus un beau jour ou est-ce que c'est quelqu'un qui les a mis là ? Mr B. Ils sont apparus à chaque croissance, à chaque croissance il y avait un pronom de plus... Je ne sais pas si je vous l'ai dit, les prénoms et les noms sont rajoutés la naissance. Q. Les prénoms et les noms, oui. Mr B. Les prénoms sont fixés dans la gorge, dans les cordes vocales. Q. D'accord. Mr B. Les pronoms font partie un peu de l'anatomie. Q. Et est-ce qu'ils font des bruits quand ils pensent ? Quand ils parlent ? Mr B. Eh bien, quand ils parlent, on entend leurs paroles. Q. Oui, mais quand ils vous parlent à vous ? Mr B. C'est par mes pensées, par mes pensées. Q. Est-ce que par exemple vous pourriez entendre parler les pronoms de quelqu'un d'autre ? Mr B. Je ne sais pas... mais il y en a qui, malgré tout, à distance, peuvent séduire ou peuvent faire penser; cela ne veut pas dire que nous pensions la même chose, mais enfin ils peuvent faire penser... par l'intermédiaire de la peur ou des menaces, des voix à distance, il reste la peur. Q. En fait, ils sont seulement intéressés par le contrôle, à part le l' ? Mr B. Eh bien, on est intéressé par lui; le on, quand ça l'arrange, il tuerait n'importe qui. Q. Ce que je veux dire, c'est que la seule chose qui les intéresse, c'est de vous contrôler ? Mr B. C'est de m'avoir, c'est de m'avoir. Mon on m'avait mis kaput en période militaire, mon on m'avait mis kaput en Allemagne, en 1939 ou 1945 ou en Tunisie, mes voix de tête aussi, ma pêche aussi m'avait mis kaput... Mon on ne veut pas croire que quand mon corps sera mort, mon on n'existera plus. Q. Il pense qu'il vivra plus longtemps que vous ? Mr B. Oh, oui, il ne me l'a pas dit, mais c'est sûrement ce qu'il pense; s'il ne l'a pas pensé, il est d'accord avec. Mes voix de tête aussi, mon je, ma pêche. Q. Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ? Vous pensez qu'il mourra ? Mr B. Oui, mais après moi. Q. Après vous ? Mr B. Pour hériter. Le on veut hériter de tout. Q. Oui, mais il ne pourrait pas exister sans vous. Mr B. Si, il pourrait exister, mais il sera... il ne saura pas de quoi parler, il fera n'importe quoi, si j'avais de l'argent, il ne ferait que se soûler; mon on n'a jamais travaillé depuis que je suis né; et déjà avant que je naisse, mon on ne travaillait pas. Q. Déjà avant que vous naissiez ? Mr B. Oui, cela fait des siècles que le on ne travaille pas, et à mon avis, le on n'a jamais travaillé, il ne travaillera jamais. C'est un pronom indéfini, évidemment, il n'a pas de raison pour arrêter. Mon on m'avait mis kaput, mes voix de tête m'avaient mis kaput, ma conscience, mon je; je l'ai dit tout à l'heure, mon on essayait de me mettre brave, mais il est brave contre moi, contre mon corps, alors quoi ? Je ne peux rien tirer de mon on, je ne peux rien faire avec mon on. Q. Il est plus fort que vous ? Mr B. Oui, plus fort ou plus rusé, je ne sais pas. Q. Et vous, vous pensez que c'est vos pronoms qu'on devrait soigner ? Mr B. Oui, madame, oui, madame, masculins et féminins, tous les dix. Q. Et vous pourriez vous en passer ? Mr B. De mes pronoms ? Oui, madame, oui, madame. Je pourrais dormir, je pourrais manger, je pourrais boire, je pourrais travailler beaucoup plus. Mon on ne fait que de me tromper par pensées. Il me fait descendre deux ou trois fois pour voir si le souper est rendu... Ma recherche a coïncidé avec quelque chose qui a de la valeur pour faire patienter le on. Q. Pour faire ? Mr B. Pour faire croire que ça venait du on. Puisque ça coïncidait. Combien ça peut durer, je ne sais pas combien de temps. Mon on voulait faire croire que ça venait de lui, mais ce n'est pas vrai. Q. Et avant que vous ne commenciez à en parler, des pronoms, il n'y a pas très longtemps que vous en parlez...Mr B. Oui, madame, j'avais commencé à Y et Mr Untel m'avait dit, il était surveillant-chef à ce moment-là, je ne sais pas si vous le connaissez, Mr Untel à Y ? Q. Non. Mr B. Il m'avait dit que ce n'est pas toujours bon de s'étudier. Ce n'est pas toujours bon, mais il n'y a pas autre chose de mieux. Q. Eh bien, je ne pense pas que ce soit mauvais. Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. Et est-ce que vous avez remarqué un changement dans les pronoms depuis que vous en parlez ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. En bien ou en mal ? Mr B. En bien, en bien. Q. Donc, c'est bien que vous en parliez ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. Ah! Eh bien, c'est important, alors. Mr B. Oui, madame, oui, madame. Mon on ne fait que m'insulter. Q. Et vous, vous ne l'insultez pas ? Mr B. Non, madame, non, madame. Q. Donc plus vous en parlez, moins ils vous dominent, alors ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Pendant un temps, mon on a tenté de vivre tout seul, sans corps, sans autre pronom. Il me semble que sans corps, sans autre pronom, il ne pourrait pas vivre. S'il n'avait pas de corps, mon on, il ne pourrait pas vivre ? Q. Eh bien, non. Mr B. Mon on ne veut pas admettre ça. Q. Vous disiez que la plupart des gens agissent d'après leurs pronoms et que les pronoms sont contre le corps ? Mr B. Oui, ils étaient contre le corps, mais maintenant cela va peut-être changer, ils vont peut-être être pour le corps. C'est à l'étude, il y en a qui les étudient. Q. Cela dépend de quoi ? Mr B. Cela dépend des pays. Il y a des pays qui l'ont fait, d'autres pays qui ne l'ont pas fait. Mais là on est rendu dans l'international, j'arrête là. Q. Oui, mais c'est intéressant. Mr B. Oui, mais c'est international; dès qu'on parle d'un pays, on doit à ce pays. Q. On doit ? Mr B. Dès qu'on parle d'un pays, on doit à ce pays dont on parle. Q. La parole, ce sont des mots, les mots, ce sont des sons, ce sont des symboles qui représentent des choses, mais ils n'existent pas en tant qu'eux-mêmes. Vous pensez que les mots existent en tant qu'eux-mêmes ? Mr B. Oui, mais il y a des pays dès qu'on parle d'eux, on est condamné à mort. Q. Heu...vous croyez ? Mr B. Oui, la moindre dette, il y a des pays, pour la moindre dette, ils tuent les gens. Q. Et comment ils font pour tuer ? Mr B. Ah! Eh bien ils disent qu'ils le font pour autre chose. Q. Mais comment ils font pour savoir qu'on parle d'eux ? Mr B. Parce que tout se sait. Il y a des espions, il y a des espionnes, il y a des contre-espions, il y a des contre-espionnes, etc. Il y a des pays qui ne veulent pas qu'on parle de leurs dieux. Q. De leurs dieux ? Vous pensez que c'est parce que leurs dieux ont quelque chose à se reprocher? Mr B. Non, non, mais il faut respecter leurs dieux à plus que cent pour cent. Q. Mais on peut parler de quelque chose tout en le respectant ? Mr B. Oui, madame, oui, madame... Il y a des pays, dès qu'on parle de leurs dieux, on est condamné à mort. Q. Les pays où il y a une religion d'Etat, par exemple ? Mr B. Oui, mais il n'y a pas qu'un seul dieu sur la terre. Q. Alors, attendez, vous avez dit que tout se savait. Mr B. Non, tout ne se sait pas, mais enfin sur une personne, ou sur ce qu'on dit, c'est comme à l'hôpital, tout ce qu'on dit, tout ce qu'on pense, tout ce qu'on écrit, cela se sait. Q. Pas ce que vous pensez ? Mr B. J'en suis sûr, madame, j'en suis sûr. Q. Mais qui est-ce qui le sait ? Mr B. Eh bien, je ne sais pas; il y en a qui écoutent aux portes, il y en a dont c'est le gagne-pain de moucharder. C'est comme ce que vous écrivez là, il y en a qui le liront sans vous le dire. Q. Je ne pense pas qu'ils comprendraient. Mais par exemple, ce que je pense, vous ne vous en rendez pas compte et les autres gens non plus. Mr B. Oui, mais avec des appareils, ils peuvent savoir ce que vous pensez. Q. Avec des appareils, heu... Mr B Bon, eh bien j'arrête là, si vous voulez. Q. Comme vous voulez, Monsieur. Mr B. On recommencera à analyser nos différences ? Q. Vous voulez dire que nous ne sommes pas toujours du même avis sur ce point-là ? Mr B. Oui, madame, oui, madame. Q. Je ne trouve pas ça gênant, je peux bien avoir une opinion et vous, vous avez le droit d'avoir la vôtre. Mr B. Mais les malades n'ont aucun droit, mais le personnel a des droits. Le personnel a des droits sur les malades et les malades n'ont pas de droit sur le personnel. Q. Imaginons par exemple que demain l'hôpital soit détruit et que tout ce qui existe là n'existe plus; vous, vous resteriez Mr B et moi, je resterais Unetelle. Mr B. Eh bien, on m'emmènerait dans un autre hôpital. Q. Et si les gens qui savent que vous êtes hospitalisé avaient disparu aussi ? Mr B Eh bien, on m'enverrait quand même dans un autre hôpital. Q. Et vous, ça vous plaît d'être à l'hôpital ? Mr B. Ce n'est pas pour le plaisir, mais enfin, j'ai besoin d'être à l'hôpital. Je ne peux pas être ailleurs. Q. Si vous aviez le choix ? Mr B. Entre sortir et rester là ? Q. Oui ? Mr B. Oh, bien, rester là. Q. Vous préféreriez rester là ? Mr B. Oui, je ne peux pas me suffire à moi-même; je ne sais pas faire la cuisine, je ne sais pas tenir une maison, je ne sais pas m'occuper de mon argent, je n'ai pas le droit de me marier, je ne suis pas bon à faire un mari. Q. Vous avez bien le droit de vous marier, puisque vous êtes divorcé. Mr B. C'est une loi qui nous a fait divorcer, et je n'ai pas le droit de me marier. Je suis malade mental ou fou, je ne sais pas ce que je suis. Il y a une loi qui a été faite, tous ceux qui étaient mariés avec des fous ou des malades mentaux avaient le droit de divorcer, et il y en a qui ont fayoté un peu plus, ils ont dit "Il faut les faire divorcer." C'est une loi qui date de dix ou quinze ans. Avant, les gens qui étaient mariés avec des fous n'avaient pas le droit de divorcer. Q. Je n'aime pas trop ce mot de fou, je trouve que ça ne veut pas dire grand-chose. Mr B. Avant, on disait "fou", maintenant on dit "malade mental" peut-être ?Q Vous savez, si on prenait les gens au hasard dans la population et si les médecins les examinaient, peut-être qu'il y en aurait les trois quarts qui seraient déclarés malades mentaux; vous voyez ce que je veux dire ?Mr B. Oui, madame, je vois très bien. Q. A ce moment-là, cela ne voudrait pas dire grand-chose. Ce que je veux dire, c'est qu'ici vous êtes hospitalisé, et vous avez autant de droits que n'importe qui, si quelque chose ne vous plaît pas, vous avez le droit de le dire. Mr B. Oui, mais le dire en français, le dire correctement mais moi, il m'arrive d'être énervé, d'être impatient quand je me lève le matin, je me fais traiter de "B", etc. J'en avais parlé à Monsieur le Docteur X, mais le docteur X m'avait dit "Ils plaisantent." Pour le docteur X, c'est peut-être de la plaisanterie, mais pour moi, c'était méchant. C'est qu'autrefois j'en rigolais, mais maintenant je n'en rigole plus. Bon, eh bien, voilà, si vous voulez on va s'arrêter là. Q. Comme vous voulez, Monsieur. Je suis contente si on parle des pronoms et qu'après ils ont moins de force. Mr B. Oui, madame, ils ont peur, ils ont peur. Mon on est inconscient. Q. Franchement, vous n'avez pas de chance avec votre on. Mr B. Oui, madame, oui, madame, il n'est pas à jour. Q. Et vous ne pourriez pas le faire dormir ? Mr B. Ah, mais il dort doublement, doublement. Q. Il dort plus que vous ? Mr B. Oui madame, oui A ce moment-là, quand il dort, il ne vous casse pas les pieds ?Mr B. Oui, il ne me casse pas les pieds, mais je ne peux rien faire pour l'avoir; il dort doublement, il dort davantage que moi. Q. En intensité ou en durée de temps ? Mr B. En intensité. Arrivée de l'infirmière de nuit Mr B. Bon, eh bien il est dix heures, je ne vais pas vous faire débaucher en Bonsoir et à demain, monsieur, passez une bonne nuit.* * * Les jours suivants, nous eûmes d'autres entretiens, lors desquels Monsieur B. m'expliqua le rôle de chaque pronom et me donna les clefs de son code. Quelques temps plus tard, je proposai une réunion de synthèse sur Monsieur B, comme c'était l'usage une fois par mois, le dossier d'un malade était étudié en réunion. Je dressai une carte du rôle de chaque pronom dans l'espoir que cela permettrait à l'équipe de mieux le comprendre et qu'on s'occuperait un peu plus de lui. Mon exposé provoqua chez les uns un étonnement mêlé de scepticisme et se heurta chez la majorité à l'indifférence. Le psychiatre se montra réticent, insistant sur le fait qu'il pouvait être dangereux de "rentrer dans le délire du malade". Seul un surveillant me dit que Mr B. m'avait donné un témoignage de confiance. A l'issue de ces deux heures de réunion, aucun changement ne fut élaboré pour la prise en charge de Monsieur B.. J'avais eu la candeur de croire que la fonction de ce style de réunion était d'améliorer le sort des hospitalisés, les faits démontrèrent qu'il n'en était rien. A quelques mois de là, Monsieur B. décéda sans qu'aucun indice n'eut pu le laisser présager. Cette nuit-là, il s'était levé à quatre heures du matin pour aller aux toilettes, puis avait regagné son lit et s'était rendormi. En faisant sa ronde à six heures, le veilleur le trouva mort.
mon mari me fait toujours des reproches